Et puis sinon bin, demain soir, Mathieu est enfin en vacances, et il a très très légèrement hâte... il en peut plus!! moi je suis bien contente qu'on soit tous les 4 pendant 3 semaines, et ça va faire du bien aussi d'avoir des "bras relais" autour de nous... on met le cap sur Nimes pour quelques jours chez Domen et Sylvie, puis on met les voiles sur Feugarolles (vers Agen) pour voir Seb et Rachel, on redescend sur Nimes en passant une nuit à Toulouse chez Arthur et Rosanne, puis Nimes chez François et Anne pendant 8-10 jours (ouf! faut quand même qu'on se repose aussi!!), puis on remonte sur Gre mais en passant 2-3 jours à Mantel (Ardèche) chez des copains qui retapent un truc gigantesque composé de plusieurs maisons. Bref, ça va bouger quoi! j'espère que Manoé sera pas trop brassé par tous ces va et viens, mais y'aura toujours le sein de maman pas loin pour le rassurer! Tout ça pour dire qu'il n'y aura peut être pas trop de news dans les semaines à venir... BISOUS!!
jeudi 17 avril 2014
1 mois
Oui, on ne le dira jamais assez, le temps passe viiiiiite! bon, en même temps, je sens bien que ça fait un certain nombre de nuits que je dors pas vraiment... et j'ai quand même l'impression de profiter à fond de mon petit bonhomme, haut comme trois pommes, qui change à vue d'oeil. Petite séance photo dans le bain tout à l'heure...
Et puis sinon bin, demain soir, Mathieu est enfin en vacances, et il a très très légèrement hâte... il en peut plus!! moi je suis bien contente qu'on soit tous les 4 pendant 3 semaines, et ça va faire du bien aussi d'avoir des "bras relais" autour de nous... on met le cap sur Nimes pour quelques jours chez Domen et Sylvie, puis on met les voiles sur Feugarolles (vers Agen) pour voir Seb et Rachel, on redescend sur Nimes en passant une nuit à Toulouse chez Arthur et Rosanne, puis Nimes chez François et Anne pendant 8-10 jours (ouf! faut quand même qu'on se repose aussi!!), puis on remonte sur Gre mais en passant 2-3 jours à Mantel (Ardèche) chez des copains qui retapent un truc gigantesque composé de plusieurs maisons. Bref, ça va bouger quoi! j'espère que Manoé sera pas trop brassé par tous ces va et viens, mais y'aura toujours le sein de maman pas loin pour le rassurer! Tout ça pour dire qu'il n'y aura peut être pas trop de news dans les semaines à venir... BISOUS!!
Et puis sinon bin, demain soir, Mathieu est enfin en vacances, et il a très très légèrement hâte... il en peut plus!! moi je suis bien contente qu'on soit tous les 4 pendant 3 semaines, et ça va faire du bien aussi d'avoir des "bras relais" autour de nous... on met le cap sur Nimes pour quelques jours chez Domen et Sylvie, puis on met les voiles sur Feugarolles (vers Agen) pour voir Seb et Rachel, on redescend sur Nimes en passant une nuit à Toulouse chez Arthur et Rosanne, puis Nimes chez François et Anne pendant 8-10 jours (ouf! faut quand même qu'on se repose aussi!!), puis on remonte sur Gre mais en passant 2-3 jours à Mantel (Ardèche) chez des copains qui retapent un truc gigantesque composé de plusieurs maisons. Bref, ça va bouger quoi! j'espère que Manoé sera pas trop brassé par tous ces va et viens, mais y'aura toujours le sein de maman pas loin pour le rassurer! Tout ça pour dire qu'il n'y aura peut être pas trop de news dans les semaines à venir... BISOUS!!
mardi 15 avril 2014
Life
Bon, fut le dire, depuis dimanche, les nuits sont assez mortelles, et les journées aussi... Manoé est passé en mode "Glue night and day" c'est un peu dur! il a besoin d'être beaucoup au sein, pour manger mais aussi pour se rassurer, et il ne dort plus beaucoup tout seul. Du coup la nuit, on est collé, autant dire que je dors pas hyper bien quoi!! en plus ça fait 2 jours que Mathieu a des migraines, donc je me retrouve un peu toute seule à gérer la bête... bon, cette nuit je devrais avoir un torse supplémentaire sur lequel poser Manoé pour qu'il dorme, ça va faire un peu du bien, ne serait-ce qu'une heure ou deux.
Sinon il change à vue d'oeil, il est beau comme un coeur, il ouvre de grands yeux étonnés sur le monde qui l'entoure. Visite du 1er mois cette aprèm: 4kg100 et 50.5cm... pas de doute, il tète, mais c'est efficace!! bref, un petit bonhomme en pleine forme. Bon, comme pour Nolan, on doit faire une écho cardiaque vu qu'il devient bleu quand il s’énerve, mais je suis pas franchement inquiète!!
Nolan va bien, il est à fond. Ce matin, je lui explique le programme des vacances (qui débutent vendredi soir, yehaaaaaaaa), il je lui dis "c'est trop cool hein?" et il me répond "non, c'est pas trop cool, c'est DE-MENT"!! bref, il me fait rêver...
Sinon il change à vue d'oeil, il est beau comme un coeur, il ouvre de grands yeux étonnés sur le monde qui l'entoure. Visite du 1er mois cette aprèm: 4kg100 et 50.5cm... pas de doute, il tète, mais c'est efficace!! bref, un petit bonhomme en pleine forme. Bon, comme pour Nolan, on doit faire une écho cardiaque vu qu'il devient bleu quand il s’énerve, mais je suis pas franchement inquiète!!
Nolan va bien, il est à fond. Ce matin, je lui explique le programme des vacances (qui débutent vendredi soir, yehaaaaaaaa), il je lui dis "c'est trop cool hein?" et il me répond "non, c'est pas trop cool, c'est DE-MENT"!! bref, il me fait rêver...
dimanche 13 avril 2014
Nol et Mano
Nolan est vraiment un chouette grand frère. Il lit des histoires à Manoé, lui donne son doudou et lui prête ses jeux, propose de le bercer quand j'en ai marre, il essaye de lui redonner son pouce quand il se réveille, il ne râle pas quand son frère le réveille à 7h du mat'... il aime par dessus tout le prendre sur lui, lui faire des câlins, lui raconter des trucs à l'oreille, et c'est vrai que Manoé à l'air de bien apprécier ça aussi.
vendredi 11 avril 2014
Le Combat
J’avance à l’ombre
des pins. Le bruit de mes pas est étouffé par l’épaisse couche d’aiguilles
recouvrant le sol. L’odeur de la résine emplis l’air sec de cette radieuse
journée. En passant à côté d’un arbre, je pose ma main sur l’écorce rugueuse du
tronc. En fermant les yeux je me concentre et tente de percevoir la vie qui bat
sous l’écorce. Le flux lent mais immuable de la résine, les ondes propagées par
l’énergie du soleil le long des feuilles. Sa réaction avec la chlorophylle, si
importante pour ma propre survie : l’absorption du dioxyde de carbone et
le rejet de dioxygène. Je suis mentalement le processus de séparation des
atomes qui permet à l’arbre d’utiliser le carbone pour croitre, lentement,
mais sans arrêt.
Ma méditation,
ma communion avec l’arbre est stoppée net. Une vibration, un flux dans l’air me
fait frissonner. Je rouvre les yeux et cherche à appréhender l’évènement, d’abord
avec mes yeux et mes oreilles. Des animaux fuient. Tous dans la même direction.
Ils ont peur. Je ressens le dégagement de pensées, de phéromones qu’ils
déploient pour alerter tous leurs congénères. Leur terreur est telle qu’ils n’essayent
même pas d’altérer leur trajectoire en s’approchant de moi, qui suis pourtant
pour eux un prédateur redoutable. Je me protège derrière le tronc, pour éviter
d’être bousculé. Le flux vital de l’arbre semble réagir à l’agitation qui règne.
Progressivement,
les bruits s’estompent. Il ne reste plus que moi dans la zone. Le danger se
rapproche, je le perçois moi aussi désormais. Une odeur nauséabonde,
accompagnée d’une vibration maléfique, puissante, s’approche. Il vient pour
moi. Je me détache de l’arbre, et empoigne la poignée de mon épée lourde qui
dépasse de mon épaule gauche et la détache de son fourreau. En avançant vers la
Source de Terreur, je laisse la pointe tracer un sillon sur mes pas. Je me
souviens alors de ce que m’a appris mon maître. Alors je me concentre. Non pas
sur les énergies qui permettent de manipuler les éléments qui m’entourent. Mais
sur l’infiniment petit. Sur ce qui compose les éléments eux-même. Sur ce qui
compose l’énergie elle-même. Un adversaire de cette trempe nécessite de telles
extrémités. D’ailleurs, les êtres des ténèbres sont imbattables sans utiliser
ce niveau de magie.
Il me regarde
approcher. Ses griffes, longues comme mes avant-bras, sont plantées dans la
terre meuble de la clairière. Il reste immobile. Son corps long et puissant
frémit d’excitation. Sa tête de taureau me domine de deux bons mètres, ses
pates avant, musculeuses, sont aussi épaisses que mon tronc, celles de l’arrière
train au moins deux fois plus. Une tête de taureau et un corps de lion. Sa peau
semble constituée de fumée grise, de poussières et d’ombres, sans cesse en
mouvement, donnant une impression de flou assez terrifiante. Ses yeux rouges
vifs, eux aussi parsemés d’ombres flottantes, me fixent avec avidité. Il veut
mon âme. Sa nourriture préférée.
Mon cœur bats
dans ma poitrine à un rythme effréné. Le son des battements résonne dans mes
oreilles. Même mes longues années d’expériences et de vie de mage combattant ne me permettent pas de calmer mon angoisse
face à une telle créature. Je me mets en garde, et me prépare à manipuler les
atomes de l’air ambiant pour créer une friction. Si j’arrive à charger
suffisamment l’air en électricité, je peux créer un arc électrique suffisamment
puissant pour déséquilibrer sa carapace de fumée et d’ombre, et attaquer avec
mon épée La Source, son cœur, la sphère de vie qui le maintien dans ce monde.
Il a anticipé
mon attaque ! Un frisson d’infinie terreur s’empare de mon esprit, alors
que son rugissement s’élève, à peine mon mouvement entamé. Je sais que j’ai
perdu, je sais que je suis mort. Son hurlement continue de résonner à mes
oreilles quand l’obscurité m’engloutis, l’engourdissement m’enlève toute possibilité
de lutte. Je vais mourir là, transpercé par les griffes du Béhémoth.
J’ouvre les
yeux. L’obscurité est infinie. Je suis toujours engourdi. Je ne me rappelle pas
ce qui m’a amené là. J’entends une voix lointaine. Est-ce celle des créatures
de l’au-delà ? Soudain, elle devient claire, déchire l’obscurité elle-même
et provoque un électrochoc terrifiant, angoissant, qui me fais reprendre
instantanément tous mes esprits, ainsi qu’arriver une vague d’intense regret,
comme si je pouvais sur un simple souhait retourner dans le monde dans lequel j’étais
juste avant.
-« Putain
Mathieu sérieux t’entends pas Nolan qui hurle depuis tout à l’heure ? J’en
ai marre moi de me lever tout le temps, déjà que je suis crevée d’allaiter
Manoé toutes les deux heures tu pourrais faire un effort ! »
-« Ok t’énerve
pas, j’y vais… »
Hmmm… Dure
réalité que la vie de parent.
Le point
positif, c’est que j’ai encore toute mon intégrité physique et que quand même,
je suis toujours vivant.
Et puis en
fait, elle est vraiment bien la réalité ! J’ai pas une super épée qui
déchire ni des pouvoirs exceptionnels, certes, mais je ne changerais ma vie
pour rien au monde, ni pour un rêve.
jeudi 10 avril 2014
Hair cut
Hier, j'ai coupé les cheveux des garçons! j'ai aussi tondu Manoé mais comme c'est moche, j'attends que ça repousse pour vous montrer des photos...
mercredi 9 avril 2014
C'est jamais facile de trouver un bon titre
Bon, les nuits sot toujours assez terribles, surtout que Nolan réclame aussi un câlin régulièrement vers 3-4h du mat'!! bon, on accumule la fatigue, mais c'est bientôt les vacances pour les lumalila alors ça va le faire d'ici là...
A la maison, ça tousse, ça a la morve au nez (non, pas le petit dernier, ouf!), mais les journées sont belles et presque toutes très ensoleillées, ce qui nous permet de balader tous les jours, faire du vélo, téter dehors, hurler dans le cosy, pleurer parce qu'on veut pas garder son manteau, faire des bosses, du toboggan, rider sur les trottoirs!
Demain je descend à la ville voir mes copines au boulot, youhouuuu, j'ai hate de les voir!
Le Mano, pendant LA minute où il observe ce qui l'entoure dans son hamac (avant de se mettre à hurler, jusqu'à devenir tout bleu comme Nolan au même âge, avec trémolos ultra culpabilisants dans la voix et tout et tout...)
Nolan qui boit son thé au p'tit dèj
Ma boule blondinette qui sort du bain!
A la maison, ça tousse, ça a la morve au nez (non, pas le petit dernier, ouf!), mais les journées sont belles et presque toutes très ensoleillées, ce qui nous permet de balader tous les jours, faire du vélo, téter dehors, hurler dans le cosy, pleurer parce qu'on veut pas garder son manteau, faire des bosses, du toboggan, rider sur les trottoirs!
Demain je descend à la ville voir mes copines au boulot, youhouuuu, j'ai hate de les voir!
Le Mano, pendant LA minute où il observe ce qui l'entoure dans son hamac (avant de se mettre à hurler, jusqu'à devenir tout bleu comme Nolan au même âge, avec trémolos ultra culpabilisants dans la voix et tout et tout...)
Nolan qui boit son thé au p'tit dèj
Ma boule blondinette qui sort du bain!
lundi 7 avril 2014
Accoucher à domicile, version PapaPoule...
Je ne me rappelle plus vraiment comment le sujet est venu sur
le tapis. Je me rappelle juste que j’ai dû répondre un truc du genre : « -Non
mais ça va pas la tête ? Tu veux mourir avec le bébé ou
quoi ? ». Peut-être pas aussi violemment. Mais quand même, c’est un
peu l’effet que ça m’a fait. Au début. Et puis j’ai ouvert mes oreilles. J’ai
discuté avec des mamans que je croise régulièrement. Puis avec Gisèle, Cécile
et Marie.
Peu à peu mes appréhensions se
sont estompées. Puis ont disparu. Penser à cette future arrivée du bébé m’a
aussi fait repenser à ce que j’avais vécu pour Nolan. Un moment merveilleux,
mais entaché de petites phrases, de petits moments qui, s’ils n’avaient pas eu
lieu, ne m’auraient pas manqué. De la mainmise médicale, et du quasi non choix
que nous pouvions opérer pour cet accouchement, ou de ces petites inattentions
qui font que de futurs parents super confiants, nous sommes passés à de
nouveaux parents complètement perdus car dépossédés de nos capacités, et de
notre confiance, mise à mal par une personne en particulier dont la
bienveillance, la considération portée au couple serait comment dire ? …à travailler, avant
d’officier auprès de tous jeunes parents. Par exemple quand on nous a
dit : (à l’entrée de la salle d’op’ quand ils ont pensé faire une
césarienne) « Ah non hein le papa il reste dehors », (ou, plus
tard à la maternité)« Ah mais ma petite dame, vous savez que si vous ne
choisissez pas un contraceptif très vite, Monsieur va devoir aller voir
ailleurs si vous ne voulez pas retomber enceinte ! » ou encore « Ah
ben c’est sûr que si vous lui caressez la tête en l’allaitant vous allez l’endormir
et c’est évident qu’il ne prendra pas de poids. Vous voulez sortir ou pas ? ».
Entre autres.
Je m’en suis peut-être fait
toute une histoire, mais étant professionnellement engagé dans des réseaux
d’accompagnement, de soutien à la parentalité, et militant pour que tous les
parents aient droit à une reconnaissance de leur place et de leurs compétences,
ces moments ont eu un écho particulier. Heureusement une fois sortis de la
maternité, ces choses sont vite retournées au second plan. Mais pas oubliées. Bref,
des petites choses qui, je le savais, n’arriveraient pas à la maison. Mais
j’étais encore loin d’imaginer à quel point ce serait différent. Pas mieux.
Parce que l’arrivée de Nolan fût elle aussi un moment magique, intense, que je
n’oublierai jamais.
Pour cette deuxième grossesse,
nous avons abordé les choses différemment. Dans la préparation, tout d’abord,
puisque beaucoup plus que pour le Nolan, nous avons été préparés à ce qu’il se
passe PENDANT l’accouchement. Chose qui avait été abordé pendant l’haptonomie
lors de la première grossesse, mais pas de manière aussi précise. Ces séances,
qui par ailleurs m’ont également permis de me rassurer sur mes propres
capacités à accompagner Lucie pendant l’accouchement, m’ont tout d’abord permis
de comprendre que lors d’une grossesse normale, sans complication ni pathologie
particulière, la future maman est complètement capable de savoir ce qu’il se
passe, et qu’il suffit de l’écouter pour savoir que tout va bien. Et pas
seulement l’échographe. Pour moi, la grossesse a ceci de particulièrement
frustrant que je ne peux pas ressentir ni interpréter ce qui se passe dans le
corps de Lucie.
Un gémissement : ma réaction (inquiet):
« -Ça va ? » Réponse « -mais oui, c’est juste une
contraction, calme toi. »
Un gémissement + une grimace : ma
réaction (en pensée : ça va c’est surement une contraction, mais
quand même inquiet). Lucie : « - La vache, celle-là, elle était
costaud ! » (un peu plus inquiet là.)
Un gémissement, mais un autre
jour : (Vachement moins inquiet, les gémissements, ça va, c’est normal
c’est les contractions, du coup, comme il n’y a pas de grimace, je laisse
passer.) Lucie : « - Tu t’en fous que j’ai mal ? Tu pourrais
pas me proposer, je sais pas moi, un massage ou quoi ? ».
En vrai, j’exagère. Mais pas
tant. Tout cela pour dire que décrypter sans ressentir est quasi impossible.
Mais la préparation aide à comprendre tout ça, et à l’accepter, comme étant de
fait quelque chose qui arrive et qui fondamentalement ne permet pas qu’on le
vive sur le même pied d’égalité.
Elles m’ont permis d’appréhender
et de comprendre le passage du bébé de dedans à dehors, et presque même de le
ressentir. Elles m’ont permis de comprendre que je pouvais avoir confiance en
Lucie. Que quoi qu’il arrive, elle en est capable. Elle est capable
d’accompagner ce bébé jusqu’à sa sortie. Et c’est ce qu’elle a fait, en ce 17
Mars 2014.
La journée a commencé comme
quelques autres. C’est-à-dire pour moi au moment où les gémissements (avec
grimaces) m’ont sorti du sommeil. On s’est regardés, on s’est câlinés, on a
discuté, puis on a appelé Cécile car les gémissements + grimaces
(systématiques) ont été de plus en plus fréquentes. J’ai réveillé ma mère, en
lui disant qu’on allait bientôt descendre. Puis je suis allé prévenir les voisins,
en leur proposant de monter prendre le petit déjeuner avec ma mère et Nolan. Et
j’ai commencé à descendre les affaires. Lucie avait tout préparé, même une
liste de ce qui n’était pas dans les sacs. Pas trop dur pour moi malgré la
brume qui a commencé à envahir mon esprit, qui se fixe sur les heures à venir. Aider Lucie. Ne pas trop
réfléchir. La rassurer. On a le sac. On a l’oxygène. Les numéros sont
enregistrés dans mon téléphone. Nolan est avec sa grand-mère. L’oxygène est
bien là ? Oui c’est bon. Ah, le ballon, on en aura peut-être besoin.
« -Ça va Lucie ?
- Les contractions s’espacent…
- On va aller marcher, on savait que ça pouvait
arriver, le fait de descendre, de changer d’endroit. »
Alors on va marcher, on continue de discuter, puis
on retourne à l’intérieur, car Lucie n’arrive plus à faire 5 mètres sans qu’il
y ait une contraction. Et elle est fatiguée.
Je rapproche les alèses, prépare les serviettes,
approche une bassine, met l’oxygène et la boite préparée par Cécile et Gisèle
bien en vue. Lucie commence à s’endormir. Je passe le temps en jouant sur ma
tablette. Je commence à me dire qu’il va falloir que j’aille au boulot,
finalement.
PLOP. Je l’ai entendu et presque
senti en même temps qu’elle. La poche des eaux est rompue. Cette fois c’est bel
et bien parti, alors je rappelle Cécile, tout en me disant que peut-être elles
arriveront avec Marie un peu tard pour aider. Et alors ? C’est pas grave,
je serai là. Toujours dans cette brume de pensées et cet état un peu second
j’essaye de répondre aux attentes de Lucie. Sauf qu’elles sont de moins en
moins formulées clairement. Je sens bien que ça lui ferait du bien d’être
massée, ou au moins placée dans d’autres positions, mais je ne suis pas assez à
l’aise et Lucie refuse que je la touche. Alors je la laisse me broyer les
doigts pendant les contractions, et je lui parle, essaye de savoir ce qu’elle
ressent, dans les moments où elle arrive à me répondre. Elle est de plus en
plus « à l’ouest ». Cécile et Marie arrivent et prennent les choses
en main. C’est bien. Je me rends compte que j’étais inquiet même si j’assumais
totalement d’être seul avec Lucie. Lucie accepte le contact et les massages de
Marie et Cécile et cela semble bien la soulager. C’est parfait, comme ça je
reste près d’elle, de son regard, je continue de lui donner la main. Elle est
épuisée, alors je l’encourage.
Le bébé a un peu de mal à passer
le col, alors Cécile nous prévient qu’on va peut-être devoir descendre à la
maternité. Elle me demande de préparer les affaires au cas où.
Une enclume se pose au fond de
mon bide. Des nausées et un peu de bile l’accompagnent.
Je monte à la maison chercher le
Cosy, quelques affaires pour Lucie, les clés de la voiture et prévenir ma mère,
Nolan et les voisins. J’essaye de ne pas laisser paraitre ni mon inquiétude, ni
ma déception. Ne serait-ce que pour Nolan.
Je redescends, Cécile décide de donner
un petit coup de main au bébé pour passer le col pendant que je me mets en face
de Lucie, à genoux, ses bras autour de mon cou. Elle hurle. Mes tympans sifflent.
Elle hurle plus fort. Je vois la tête et je le lui dis. Je l’encourage encore.
J’ai de la bile au fond de la gorge. Mais je tiens. Je reste en face d’elle. La
tête sort puis le reste du corps, j’ai les muscles tellement contractés que
lorsqu’il atterrit là, entre nous deux, j’ai l’impression de l’avoir expulsé en
même temps que Lucie. Mais sans la douleur, et je le sais. Alors je lui dis
toute l’admiration que j’ai pour elle. C’est une guerrière, pour supporter ça,
l’assumer, jusqu’au bout.
Manoé nous a montré le bout de
son nez. Lucie tremble mais semble se remettre rapidement, elle s’allonge,
Manoé près d’elle, pendant que je monte annoncer la nouvelle à Nolan, sa
grand-mère et les voisins. Puis les moments s’enchainent : La délivrance,
puis le cordon que je coupe, puis la première tétée. Le temps se distend,
semble inégal en ce jour particulier, parfois rapide, parfois lent, comme ce
premier peau à peau, en attendant que Lucie se douche avec Cécile et Marie.
On remonte à la maison. On est
chez nous, dans une impression de continuité bien agréable. On retrouve notre
quotidien, qu’on redécouvre à quatre, avec l’aide de ma mère.
Dans les jours qui suivent je
suis dans un état d’euphorie hyperactive postpartum qui fait que je n’arrête
pas de m’occuper, en bricolant, nettoyant, cuisinant, jouant avec Nolan. Cet
état durera presque une semaine.
De cette expérience, j’ai retenu
que nous sommes capables d’accueillir un enfant naturellement, et de le faire
bien, sans soutien médical obligatoire. Que je peux faire confiance à Lucie
pour écouter, comprendre et maitriser son corps, sans qu’on lui dise comment
« mieux » faire. Qu’être accompagné pour faire naître un enfant à
domicile ce n’est pas prendre des risques inconsidérés, mais bien avoir le
choix de vivre ce moment dans des conditions que l’on ne peut obtenir que dans
son petit nid douillet. Que même s’il faut partir pour la maternité,
l’important est d’avoir été considérés comme capables.
dimanche 6 avril 2014
Life
Les jours passent, et cela fait bientôt 3 semaines que Manoé est entré dans nos vies. Les journées sont belles et paisibles, les nuits très très hachées et un peu moins réjouissantes... pourtant il dort, mais il a besoin de téter souvent (j'ai fait le compte, il fait 3 nuits pourries où il tète toutes les 2h voir toutes les heures en fin de nuit, et puis suivent 2 nuits où il ne s'éveille que toutes les 3-4h... là on se réveille requinqué avec Mathieu comme si on avait fait une cure de sommeil!!). Il passe de plus en plus de temps à observer ce qui l'entoure de ses grands yeux bleus, on commence à pouvoir le poser dans son pouf même réveillé (mais pas trop longtemps quand même, faut pas déconner...), il dort comme un loir à plat ventre et depuis 2 jours, il est fan de son pouce... comme un petit air de famille avec son grand frère! Nolan est d'ailleurs très fier que son frère suce son pouce comme lui.
Nolan est d'humeur assez rebelle et nous fait bien tourner en bourrique pour l'habiller, le laver, le changer, lui faire faire la sieste qu'il fait péter une fois sur deux, sortir faire du vélo avec les chaussures de Noa et pas celles de Jules, ne jamais rentrer du terrain de jeux, ne manger que des pâtes, du kiri, des poires et des yaourts au chocolat... mais il passe aussi de très bons moments à câliner son frère, lui expliquer ce qui se passe et le rassurer, lui montrer ses jeux et les lui prêter, nous faire rire et nous faire des blagues, faire des puzzles pendant des heures (va falloir renouveler le stock, ça devient beaucoup trop facile les 16 pièces!!), relire encore et encore les mêmes livres (en ce moment Popi à la neige et Trotro et le dentifrice ont trop la cote!)...
Hier on est allé à Décath dépenser les sous de notre cagnotte...on a commandé des barres de toit et un attelage sur internet, et à décath on a acheté un super porte vélo à fixer sur une boule d'attelage. On a aussi acheté un matelas gonflable et des sièges de camping parce que les nôtres ont vécu trop de soirées au coin du feu et qu'on en a marre de se casser le dos comme des roots... on vieillit, ha, haaa!!
Aller, avant de vous régaler des dernières photos, j'en profite pour remercier tous ceux qui ont eu le courage de lire mon texte sur l'accouchement à domicile... les commentaires nous ont beaucoup touché, et on est vraiment heureux de pouvoir partager ça avec vous, alors tant mieux si ça vous a plu aussi!! merci les amis...
Ma langouste et ma crevette qui se font un câlin au réveil! crevette qui ne prend pas le même chemin que son grand frère qui prenait péniblement 200g par mois, Manoé le téteur fou a pris 400g en 8 jours!! il a des petites plis aux poignets, sur les cuisses, un double menton, et des mégas joues à bisous!!
Pas facile encore d'arriver à prendre Manoé réveillé en photo!
Le MatGeek, espèce en voie d'apparition (le genre papa poule, cuisinier, bricoleur, compagnon amoureux, qui fait les courses et le ménage, un peu bordélique quand même et ronchon quand il a faim, et qui ne laisse passer aucune occasion d'allumer sa tablette, de zieuter son smartphone, de jouer à la playstation...)
Puzzle man
Le 2ème suceur de pouce!
Nolan est d'humeur assez rebelle et nous fait bien tourner en bourrique pour l'habiller, le laver, le changer, lui faire faire la sieste qu'il fait péter une fois sur deux, sortir faire du vélo avec les chaussures de Noa et pas celles de Jules, ne jamais rentrer du terrain de jeux, ne manger que des pâtes, du kiri, des poires et des yaourts au chocolat... mais il passe aussi de très bons moments à câliner son frère, lui expliquer ce qui se passe et le rassurer, lui montrer ses jeux et les lui prêter, nous faire rire et nous faire des blagues, faire des puzzles pendant des heures (va falloir renouveler le stock, ça devient beaucoup trop facile les 16 pièces!!), relire encore et encore les mêmes livres (en ce moment Popi à la neige et Trotro et le dentifrice ont trop la cote!)...
Hier on est allé à Décath dépenser les sous de notre cagnotte...on a commandé des barres de toit et un attelage sur internet, et à décath on a acheté un super porte vélo à fixer sur une boule d'attelage. On a aussi acheté un matelas gonflable et des sièges de camping parce que les nôtres ont vécu trop de soirées au coin du feu et qu'on en a marre de se casser le dos comme des roots... on vieillit, ha, haaa!!
Aller, avant de vous régaler des dernières photos, j'en profite pour remercier tous ceux qui ont eu le courage de lire mon texte sur l'accouchement à domicile... les commentaires nous ont beaucoup touché, et on est vraiment heureux de pouvoir partager ça avec vous, alors tant mieux si ça vous a plu aussi!! merci les amis...
Ma langouste et ma crevette qui se font un câlin au réveil! crevette qui ne prend pas le même chemin que son grand frère qui prenait péniblement 200g par mois, Manoé le téteur fou a pris 400g en 8 jours!! il a des petites plis aux poignets, sur les cuisses, un double menton, et des mégas joues à bisous!!
Pas facile encore d'arriver à prendre Manoé réveillé en photo!
Le MatGeek, espèce en voie d'apparition (le genre papa poule, cuisinier, bricoleur, compagnon amoureux, qui fait les courses et le ménage, un peu bordélique quand même et ronchon quand il a faim, et qui ne laisse passer aucune occasion d'allumer sa tablette, de zieuter son smartphone, de jouer à la playstation...)
Puzzle man
Le 2ème suceur de pouce!
jeudi 3 avril 2014
Accoucher à domicile
Revivre une grossesse pour
accoucher, j’en avais envie depuis plusieurs mois. Me retrouver enceinte à
nouveau, m’arrondir, sentir le bébé bouger en moi, grandir, prendre sa place
dans notre famille, et surtout, accoucher de ce bébé. Etonnant n’est-ce
pas ? A l’hôpital, j’ai pourtant bien accouché par voie basse pour Nolan,
mais ce moment a laissé beaucoup de traces, et pas qu’agréables. J’avais envie,
besoin, de vivre mon accouchement pleinement, intensément, à mon rythme. Avant
même d’être enceinte d’un deuxième bébé, je savais tout ça et je voulais tenter
l’expérience de l’accouchement à domicile. Au début, Mathieu était totalement
contre cette idée, pensant comme beaucoup que je mettrais ma vie en danger,
ainsi que celle du bébé… mais au fil de nos discussions, il a accepté de
rencontrer les sages-femmes et d’envisager cette idée.
La 1ère écho sous le
bras, nous avons donc rencontré Gisèle, qui accouche à domicile depuis 10 ans
et qui a vu naitre plus de 700 bouts de choux. Dans une ambiance très zen, nous
passons 1h30 à discuter de la naissance de Nolan, de ce qu’elle nous a fait
vivre, ce qu’elle a eu de magique et de moins drôle, et du coup ce qui nous
amène à l’envie d’accoucher chez nous. Elle nous écoute, enchantée par le
chemin que l’on fait tous les 2 pour vivre cette 2ème naissance
différemment. Elle répond à toutes nos questions, nos inquiétudes avec beaucoup
de bienveillance. Nous ressortons de ce 1 er rendez-vous rassurés et tous les 2
partants pour cette aventure. Le mois suivant, nous faisons la connaissance de
Cécile et Marie, les 2 autres sages-femmes. Le jour J, ce sera soit Cécile,
soit Gisèle, mais il y aura aussi forcément Marie sur la fin, pour seconder sa
collègue si besoin. Là encore c’est une belle rencontre, qui nous amène à
reparler de l’accouchement de Nolan et de ce qui nous amène à l’envie
d’accoucher à domicile.
Ensuite, tous les mois je vois
Cécile et Gisèle, qui s’assurent l’une et l’autre que tout va bien, que les
échographies sont normales, que le bébé a bien la tête en bas, que je me sens
bien… Nous avons aussi 3 cours sur le déroulement de l’accouchement à domicile,
durant lesquels on évoque l’accouchement physiologique, ses étapes, le
fonctionnement du corps de la femme à ce moment là, le chemin du bébé et sa
position dans le bassin, les indices auxquels se réfèrent les sages-femmes pour
s’assurer que le bébé va bien ou au contraire ce qui les alerte et peut amener
à un transfert à l’hôpital, ce qui se passe en cas de transfert… on y parle
aussi de nos angoisses, de nos envies (accoucher dans l’eau, conserver son
placenta, on a appris plein de trucs insoupçonnés !!), on partage nos
expériences avec les autres couples. Elles nous exposent sans prendre parti les
dépistages et les traitements (toxoplasmose, streptocoque B), nous laissant
décider par nous-mêmes grâce à des documents et des articles qu’elles nous
transmettent. Comme c’est bon de ne pas se sentir infantilisé mais capable de
prendre nos décisions nous même une fois que l’on a été bien informé ! et
de la même manière, le suivi de la grossesse est très simple, naturel, et très
centré sur ce que la femme ressent. Un seul toucher vaginal au 7ème
mois à ma demande, parce que j’avais besoin de savoir si le col avait bougé,
mais sinon, elles posaient les mains sur mon ventre pour dire bonjour à Bean et
faire connaissance pendant que l’on discutait. Là encore, je n’avais pas
réalisé à quel point je me suis sentie dépossédée de mon propre corps pour
Nolan. Pourtant non, on n’est pas obligé de mettre la main dans le vagin d’une
femme enceinte pour savoir si sa grossesse se passe bien… en fait, il suffit
juste de lui demander. J’ai donc passé ma grossesse à écouter mon corps, à me
faire confiance sur ce que je pouvais ressentir, passant parfois par des
moments de doutes et d’angoisses, mais sans que cela prenne toute la place.
Les semaines et les mois sont
passés, et 5 semaines avant le terme, Cécile, Gisèle et Marie sont venues au
Sappey faire une visite à domicile. On a appris ce jour là qu’on ne pourrait
pas accoucher chez nous au 1er parce que l’escalier en colimaçon ne
permet pas d’être évacuée par le SAMU dans de bonnes conditions. Petit coup
dur, on ne s’attendait pas à ça avec Mathieu. Finalement, après discussion,
apéro et tablette de chocolat, Lionel et Géraldine, nos voisins adorés, nous
laisseront leur salon le jour de l’accouchement. On essaye de mettre au point
les petits détails pour que l’échange d’appartements soit le moins contraignant
possible pour eux ce jour-là…
Les jours passent et à la maison,
tout est prêt : la liste de tout ce qu’il faudra descendre chez les
voisins, le sac de Bean et mon sac en cas de transfert à l’hôpital, la
bouteille d’oxygène, la bâche de protection pour les matelas et le canap’ (bin
oui, on voudrait quand même pas saloper le canapé des voisins !) les
alèses, les compresses, les ciseaux pour couper le cordon, les serviettes pour
essuyer le bébé, les culottes filet trop sexy, les serviettes hygiéniques XXL,
la bouillotte, les fruits secs, les CD… bref, tout ce qui rendra ce moment
unique, magique, chaleureux, réconfortant, rassurant.
Dimanche 16 Mars, Sylvie vient
d’arriver pour passer 15 jours avec nous. Ce soir-là, elle parle à mon ventre
et explique à Bean que maintenant, il peut sortir. D’ailleurs, elle lui a amené
une histoire, que Mathieu lui lit : c’est un bébé qui est trop bien dans
le ventre de sa mère, et quoi que puisse lui proposer sa mère, ses frères et
sœurs ou grands-parents pour lui donner envie de naitre, il refuse de sortir,
jusqu’au moment où le papa rentre du travail et fait un bisou à chaque membre
de la famille, bisou que le bébé ne peut pas recevoir, ce qui le frustre
suffisamment pour qu’il ait envie de sortir du ventre pour en avoir aussi.
Vers 3h du matin, j’allume mon portable
pour voir l’heure puisque les contractions m’ont réveillées. Douloureuses mais
seulement toutes les 10 minutes, elles me maintiennent éveillée. Je me lève,
l’appartement est calme, silencieux, tout le monde dort. La pleine lune
illumine le salon, je contemple les étoiles, la forêt. Je suis calme, je n’ai
pas envie que ça s’arrête, je veux mettre au monde ce bébé. J’ai l’impression
de l’attendre depuis trop longtemps, j’ai besoin de le sentir non plus en moi
mais en dehors, dans mes bras, mes mains, mon cou. Je lui parle, je
l’encourage, je le rassure, lui dit que je suis prête. Vers 6h, je réveille
Mathieu avec mes gémissements. On commence à y croire à cet accouchement !
on se parle, on se câline, on ne veut pas laisser filer ce moment. A 7h, les
contractions s’intensifient, toutes les 2 minutes, parfois moins. On appelle
les voisins, puis Cécile. On convient avec elle de se rappeler quand on sera
installé dans le salon de Lionel et Géraldine. L’heure qui suit est assez
fun : Mathieu fait des aller-retour pour descendre tout ce qu’il nous
faut, Lionel lance un feu dans la cheminée, prépare le cartable d’Axel et jette
3 affaires de ski dans un sac, Géraldine monte avec Axel et Tom pour le petit
dèj, Nolan est heureux de voir son copain de si bon matin, Sylvie prépare la
table et veille sur son petit-fils, et moi je contemple tout ce petit monde
entre deux contractions ! Une fois en bas, les contractions s’espacent. On
a changé d’endroit, nos repères ne sont plus les mêmes, on sait que ça peut
freiner le travail. Du coup, on sort marcher un peu dans la rue, espérant ne
pas croiser de monde. Au 2ème aller-retour au fond de la rue, je
m’enfile une grosse tranche de brioche. Au 3ème, je ne peux plus
marcher pendant les contractions. On rentre à la maison, je me change et
m’habille confortablement. Je suis crevée, j’ai très envie de dormir ! je
m’allonge un peu, envoie Mathieu chercher sa tablette pour le sentir occupé
plutôt que l’œil rivé sur sa montre pour calculer le temps entre deux
contractions. Intense fatigue. Je commence à m’endormir, pour me réveiller en
sursaut, réalisant que si je m’endors, c’est parce que ça doit bien faire 10
minutes que j’ai pas eu de contraction. Frustration, déception, colère. Non, ça
ne peut pas s’arrêter maintenant ! Il est 9h30. De dépit, je passe la main
sous mon ventre et je le secoue un peu, comme pour lui dire « aller, au
boulot ! », et là, tel un ressort de canapé qui lâche, un bouchon de
champagne qui saute, un ballon plein d’eau qui se perce, je perds les eaux. Ce
bruit, même Mathieu l’a entendu, c’était dingue. Je me retrouve trempée
jusqu’au milieu du dos, semant du liquide partout que Mathieu essaye tant bien
que mal de contenir sur les alèses. Je me retrouve à gérer plein d’émotions en
même temps : la joie que l’accouchement soit bien pour aujourd’hui, mais
aussi l’angoisse de ne pas y arriver car la douleur devient changeante et très
intense. Mathieu rappelle Cécile, qui passe prendre Marie sur le chemin, et
nous prévient qu’elles seront là d’ici 1h. Les contractions s’enchainent, je ne
sais plus comment me mettre, j’agrippe Mathieu comme un noyé s’accroche à un
tronc d’arbre, je suis emportée par la douleur, je perds la notion du temps. Je
vomis la brioche. Mon corps produit un effort intense, je le laisse gérer et me
contente de le suivre comme je peux, subissant les assauts de mon utérus.
L’arrivée de Cécile et Marie me réconforte. Leur présence me fait du bien, je
me sens en sécurité, et surtout, à peine sont-elles là qu’elles me prennent
littéralement en main. Cécile m’encourage à accompagner les contractions avec
des sons graves, Marie me masse le bas du dos et les fesses, ce qui me fait un
bien fou. Mathieu est là, tel un rocher dans la tempête, sa main toujours près
de la mienne, me couvant d’un regard respectueux et fier, tellement fier de ce
que je suis capable d’endurer pour mettre au monde notre bébé. Les contractions
me donnent envie de pousser, alors que je ne sens pas le bébé engagé dans le
petit bassin. Cécile me fait changer de position pour l’aider à descendre, puis
m’ausculte parce qu’elle trouve étonnant qu’il ne soit pas déjà là. Il reste un
bon centimètre de col, mais Bean plonge tête baissée vers la sortie. Son cœur
commence à peiner à reprendre son rythme, même entre les contractions. Cécile
nous prévient que si dans 15 minutes il n’est pas né, on descend à la
maternité. Mathieu se charge de réunir toutes les affaires, va chercher le cosy
et les clés de la voiture, prévient Sylvie, Géraldine et Lionel qu’on va
surement devoir descendre au CHU. Moi, je vis ça un peu à côté, je reste dans
mes sensations, concentrée, et je m’accroche à ce que me dit Cécile pour aider
le col à se dilater et surtout, aider Bean à s’oxygéner, me focaliser sur lui,
l’aider dans sa descente. Je suis allongée sur le côté, ivre de fatigue, mais
je m’accroche à l’idée qu’il sera bientôt là. Mathieu revient auprès de moi, et
Cécile décide de faire passer le dernier centimètre de col derrière la tête de
Bean. A la 2ème tentative, sa tête passe définitivement le col. A la
demande de Cécile je me redresse à genoux, m’accroche au cou de Mathieu, à
genoux lui aussi face à moi. S’il n’avait pas été là, à quoi aurais-je bien pu
me retenir ? une fois redressée, je sens le bébé entre mes jambes, il est
là, il arrive. Là, la douleur est vraiment terrible. Heureusement que
l’expulsion est un réflexe physiologique, parce que j’avais envie de tout sauf
de le laisser sortir par là tellement ça faisait mal. En parallèle, je réalise
que je mets au monde mon bébé, que cette fois c’est sûr, d’ici quelques
minutes, il sera né. Je hurle de douleur, perçant les tympans de Mathieu au
passage, mais en l’espace de quelques terribles secondes, je sens que la tête
est sortie. Ensuite, c’est comme une anguille expulsée par la contraction
suivante. Cécile accompagne sa sortie, mais il vient naturellement se poser
entre Mathieu et moi. A ce moment-là, un rayon de soleil inonde le salon et se
pose sur le bébé. Je suis un peu hébétée, encore groggy par la douleur, mais
soulagée qu’elle ait pris fin. Je contemple étonnée cette petite chose
poisseuse qui gémit doucement entre nous. Mathieu dit « Un p’tit gars, bin
ça alors ! ». En effet, c’est un garçon. C’est Manoé.
Je m’allonge comme je peux contre
Manoé, dont le cordon est très court, mais comme le placenta sort déjà, on est
rapidement plus à notre aise tous les deux. Mathieu est monté rassurer tout le
monde, et annoncer à Nolan qu’il avait un petit frère ! Tout le monde est
heureux ! Il revient vers moi, sur un nuage, et contemple sa merveille en
me félicitant pour mon courage de guerrière… je suis tellement contente de
l’avoir fait, d’avoir vécu ce moment intensément, de l’avoir partagé avec
Mathieu, d’avoir mis au monde notre petit sappeyard. Cécile et Marie sont
installées à table, remplissant les papiers pour la déclaration de naissance,
nous laissant tout à notre joie et portant un regard attendrit sur notre trio.
Sans hésiter, Manoé se met à téter avec ardeur. Nolan et Sylvie descendent
admirer la petite merveille, née à peine ½ heure plus tôt. Puis Géraldine, émue
et heureuse de nous voir à 4. Elle sortira ensuite de quoi manger pour Cécile
et Marie, leur fera un petit café, les régalera de biscuits… je les regarde de
mon petit coin de paradis sous le soleil, le cœur plein d’affection, trop
heureuse de pouvoir vivre ça. Mon corps tout entier est secoué de tremblements,
je le sens qui évacue la tension qu’il a subi pendant presque 3h. J’ai chaud,
puis froid, puis chaud… et je contemple Manoé qui tète tout contre moi, je me
perds dans les yeux bleus de Mathieu, je m’imprègne de ce moment unique,
entier, plein de vie.
Cécile et Marie se rapprochent.
Mathieu coupe le cordon, puis on installe Manoé dans un petit hamac en tissu
pour le peser : 3kg330 mon petit gaillard. Ensuite, on lui nettoie les
fesses puisqu’il a fait caca, on lui met une couche, puis on l’installe en peau
à peau contre son papa pendant que je vais prendre une douche. J’avais oublié
cette sensation du ventre qui pèse, qui donne l’impression de tout tirer vers
le bas, y compris mes poumons ! Une fois lavée, nous remontons chez nous,
où l’on retrouve Nolan et Tom, Sylvie et Géraldine, heureux de nous accueillir.
Quel plaisir de se retrouver dans son lit, sa petite grenouille nue sur le
ventre, sous d’épaisses couvertures. Nolan passera l’après midi à faire des
aller-retour entre son frère et moi, et puis ses jeux, son vélo, son papa, sa
grand-mère. Sylvie ne s’arrête plus de sourire et déjà, elle me dorlotte. Je
mange une poire juteuse et sucrée, c’est un délice.
Avant de repartir, Cécile et
Marie remontent nous voir pour nous dire au revoir. Elles nous remercient pour
cette belle journée et cette naissance. Elles ont le don de rendre unique ce
moment, c’est incroyable. Je ne réalise pas encore à quel point c’est précieux.
Dans les 15 jours qui suivent la
naissance, elles viendront chacune deux fois, pour peser, mesurer et admirer
Manoé, et discuter avec nous, parler de l’accouchement, de l’allaitement, de
Nolan, répondre à nos questions et petites angoisses de jeunes parents. Elles
nous auront aussi au bout du fil d’ailleurs… les accueillir à la maison est
toujours un vrai plaisir, et leur dernière venue me rend un peu triste. Je
réalise ce que l’on a vécu avec Cécile et Marie, cette naissance magique et
heureuse, et c’est une page qui se tourne. Fin de la grossesse, de
l’accouchement et de la naissance… bien sur, c’est aussi le début d’une
nouvelle et belle aventure à 4 ! mais je garde au chaud dans mon cœur le
souvenir de ces quelques heures partagées, pleines de vie, de joie et de
douleur, d’attente et d’espoir, de magie et de simplicité. Des heures pleines
d’humanité pour que notre petit Manoé arrive sur Terre dans la chaleur et la
douceur, pour que sa naissance soit uniquement synonyme de bonheur.
Après la naissance de Nolan, j’ai
mis plusieurs mois à ne plus me sentir vide. La place qu’il a laissée en moi à
sa naissance a créé un grand gouffre, une absence, un « rien »
désagréable. Mon corps était mou comme du chewing-gum, la peau de mon ventre
flasque, mes muscles terriblement lent à répondre à mes envies de rebondir.
Cette fois-ci, mes ressentis n’ont rien à voir. Je me sens vraiment bien dans
mon corps, je fais attention à moi. Mathieu me trouve belle et je peux accepter
ses marques d’affection avec plaisir et émotion. Bien sûr, cela tient au fait que
je me suis mieux préparée au « post » accouchement, mais je suis
convaincue que cela vient aussi de la manière dont j’ai pu vivre ma grossesse
et la naissance de Manoé grâce à Cécile, Gisèle et Marie. En restant maitre de
son corps et de ses sensations, en restant à son écoute, on ne peut que mieux
vivre les moments difficiles.
Accoucher à domicile, c’est la
seule alternative à l’hôpital dont on dispose. La prise de risque est mesurée
(des études très sérieuses le prouvent), et les sages-femmes qui s’engagent à
nos côtés sont compétentes et se battent quotidiennement pour nous proposer en
tant que couple un accompagnement bienveillant, soutenant, adapté à nos vies et
à nos envies. Quand on se lance dans l’aventure de l’accouchement à domicile on
ne le dit pas à n’importe qui, parce qu’il faut se justifier, convaincre, se
sentir prêt à affronter les peurs très encrées des autres sans se laisser
démonter. Quel dommage de ne pouvoir en parler plus librement comme d’un choix
réfléchit, un choix de couple qui veut mettre au monde son bébé dans les
meilleurs conditions possibles. Or ces conditions ne sont pas forcément
assurées à l’hôpital, c’est une réalité. Les femmes devraient toutes pouvoir
choisir, mais pour cela, il faut qu’elles soient informées, et ce de manière
impartiale. C’est aussi pour ça que j’écris, pour que vous puissiez à votre
tour en parler autour de vous, que les mentalités évoluent, qu’on parvienne à
se détacher de la toute puissance médicale lorsque c’est possible, qu’on arrête
de traiter les sages-femmes qui accouchent à domicile comme des sorcières qui
font prendre des risques inconsidérés à la mère et à l’enfant. Parce que non,
avec Mathieu, on n’est pas des extrémistes prêts à accoucher dans les bois par
rejet de l’hôpital et de ce qu’il représente. On voulait juste pouvoir mettre
au monde ce bébé. Et on l’a fait. Grâce à elles.
Avec Marie
et Cécile
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