J’avance à l’ombre
des pins. Le bruit de mes pas est étouffé par l’épaisse couche d’aiguilles
recouvrant le sol. L’odeur de la résine emplis l’air sec de cette radieuse
journée. En passant à côté d’un arbre, je pose ma main sur l’écorce rugueuse du
tronc. En fermant les yeux je me concentre et tente de percevoir la vie qui bat
sous l’écorce. Le flux lent mais immuable de la résine, les ondes propagées par
l’énergie du soleil le long des feuilles. Sa réaction avec la chlorophylle, si
importante pour ma propre survie : l’absorption du dioxyde de carbone et
le rejet de dioxygène. Je suis mentalement le processus de séparation des
atomes qui permet à l’arbre d’utiliser le carbone pour croitre, lentement,
mais sans arrêt.
Ma méditation,
ma communion avec l’arbre est stoppée net. Une vibration, un flux dans l’air me
fait frissonner. Je rouvre les yeux et cherche à appréhender l’évènement, d’abord
avec mes yeux et mes oreilles. Des animaux fuient. Tous dans la même direction.
Ils ont peur. Je ressens le dégagement de pensées, de phéromones qu’ils
déploient pour alerter tous leurs congénères. Leur terreur est telle qu’ils n’essayent
même pas d’altérer leur trajectoire en s’approchant de moi, qui suis pourtant
pour eux un prédateur redoutable. Je me protège derrière le tronc, pour éviter
d’être bousculé. Le flux vital de l’arbre semble réagir à l’agitation qui règne.
Progressivement,
les bruits s’estompent. Il ne reste plus que moi dans la zone. Le danger se
rapproche, je le perçois moi aussi désormais. Une odeur nauséabonde,
accompagnée d’une vibration maléfique, puissante, s’approche. Il vient pour
moi. Je me détache de l’arbre, et empoigne la poignée de mon épée lourde qui
dépasse de mon épaule gauche et la détache de son fourreau. En avançant vers la
Source de Terreur, je laisse la pointe tracer un sillon sur mes pas. Je me
souviens alors de ce que m’a appris mon maître. Alors je me concentre. Non pas
sur les énergies qui permettent de manipuler les éléments qui m’entourent. Mais
sur l’infiniment petit. Sur ce qui compose les éléments eux-même. Sur ce qui
compose l’énergie elle-même. Un adversaire de cette trempe nécessite de telles
extrémités. D’ailleurs, les êtres des ténèbres sont imbattables sans utiliser
ce niveau de magie.
Il me regarde
approcher. Ses griffes, longues comme mes avant-bras, sont plantées dans la
terre meuble de la clairière. Il reste immobile. Son corps long et puissant
frémit d’excitation. Sa tête de taureau me domine de deux bons mètres, ses
pates avant, musculeuses, sont aussi épaisses que mon tronc, celles de l’arrière
train au moins deux fois plus. Une tête de taureau et un corps de lion. Sa peau
semble constituée de fumée grise, de poussières et d’ombres, sans cesse en
mouvement, donnant une impression de flou assez terrifiante. Ses yeux rouges
vifs, eux aussi parsemés d’ombres flottantes, me fixent avec avidité. Il veut
mon âme. Sa nourriture préférée.
Mon cœur bats
dans ma poitrine à un rythme effréné. Le son des battements résonne dans mes
oreilles. Même mes longues années d’expériences et de vie de mage combattant ne me permettent pas de calmer mon angoisse
face à une telle créature. Je me mets en garde, et me prépare à manipuler les
atomes de l’air ambiant pour créer une friction. Si j’arrive à charger
suffisamment l’air en électricité, je peux créer un arc électrique suffisamment
puissant pour déséquilibrer sa carapace de fumée et d’ombre, et attaquer avec
mon épée La Source, son cœur, la sphère de vie qui le maintien dans ce monde.
Il a anticipé
mon attaque ! Un frisson d’infinie terreur s’empare de mon esprit, alors
que son rugissement s’élève, à peine mon mouvement entamé. Je sais que j’ai
perdu, je sais que je suis mort. Son hurlement continue de résonner à mes
oreilles quand l’obscurité m’engloutis, l’engourdissement m’enlève toute possibilité
de lutte. Je vais mourir là, transpercé par les griffes du Béhémoth.
J’ouvre les
yeux. L’obscurité est infinie. Je suis toujours engourdi. Je ne me rappelle pas
ce qui m’a amené là. J’entends une voix lointaine. Est-ce celle des créatures
de l’au-delà ? Soudain, elle devient claire, déchire l’obscurité elle-même
et provoque un électrochoc terrifiant, angoissant, qui me fais reprendre
instantanément tous mes esprits, ainsi qu’arriver une vague d’intense regret,
comme si je pouvais sur un simple souhait retourner dans le monde dans lequel j’étais
juste avant.
-« Putain
Mathieu sérieux t’entends pas Nolan qui hurle depuis tout à l’heure ? J’en
ai marre moi de me lever tout le temps, déjà que je suis crevée d’allaiter
Manoé toutes les deux heures tu pourrais faire un effort ! »
-« Ok t’énerve
pas, j’y vais… »
Hmmm… Dure
réalité que la vie de parent.
Le point
positif, c’est que j’ai encore toute mon intégrité physique et que quand même,
je suis toujours vivant.
Et puis en
fait, elle est vraiment bien la réalité ! J’ai pas une super épée qui
déchire ni des pouvoirs exceptionnels, certes, mais je ne changerais ma vie
pour rien au monde, ni pour un rêve.
3 commentaires:
je crois que ton rêve, c'était un cauchemar! mais ma parole, tu devrais écrire...
T en fais des droles de reves toi!
tu joue trop a dark soul lol
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